‹‹ K. ›› wakes up one day in the middle of a typical week being accused by a court. But he doesn’t know this court. And he doesn’t know what is the charge being held against him. During the night, without doing anything, he has been charged ‹‹ guilty ››. He doesn’t know who are his prosecutors, nor the laws that govern their states. This is how Kafka’s protagonist adapts himself to the current description of EU migration policies.
Dans l’ouvrage Le Procès de Franz Kafka, ‹‹ K. ›› (le protagoniste) se réveille un jour, au milieu d’une semaine ordinaire, en étant accusé par un tribunal. Ce tribunal, il ne le connait pas. Et il ne connait pas non plus l’accusation qui est menée contre lui. D’un jour à l’autre, alors, il est passé pendant la nuit ‹‹ d’innocent ›› à ‹‹ condamné ›› sans rien faire; sans connaître non plus qui est son accusateur. Il s’agit bien, c’est évident, d’une condamnation absurde. Et cependant non moins réelle.
De nos jours, le nom de Lampedusa est devenu en Europe un symbole terrifiant de tragédie, de mauvaise gestion de ressources économiques pour la sécurité internationale de la Méditerranée, et de tombe commune des migrants sans-papier. L‘incident honteux à l’État de Burgenland du 27 août 2015 multiplie ces tragédies. La situation de ces migrants internationaux qui essaient d’entrer dans l’Union Européenne à travers des transports—pour dire le moins— dangereux, généralement surchargés et en mauvaises conditions, ressemble à celle du personnage ‹‹ K. ›› dans Le Procès. Ayant quitté leurs pays pour des différentes raisons, victimes des violences systématiques causées par la pauvreté, guerres civiles ou conflits ethniques, les immigrants sans-papiers qui risquent leurs vies pour traverser la mer en direction de l’Europe se trouvent dans une situation kafkaïenne: un jour ils dorment innocents, l’autre—après des nuits traversant la mer—ils se réveillent dans nos territoires condamnés. Ils ne connaissent pas non plus le tribunal qui les juge; ils méconnaissent leurs accusateurs et les lois qui régissent ces États; mais ils finissent par connaître leur sentence. Leur unique crime? —Avoir rêvé.
Dans ces traversées, l’espoir onirique motivé par la fuite des violences subies, est révélateur du sens qu’impliquent les mouvements migratoires: les migrants rêvent de sortir d’une situation d’humiliation maintenue par la misère; ils songent à de meilleures conditions de vie et luttent pour leur dignité. L’omission de nos démocraties européennes d’aller massivement en aide de ces migrants en situation de risque c’est ce que transforme leur rêve généralement en cauchemar.
Dans l’article premier de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, il est déterminé que:
“Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité.”(1)
La deuxième partie qui indique une obligation universelle plutôt qu’un droit, nous convoque à répondre solidairement aux besoins de nos frères et sœurs humains en besoin. Si nous n’accomplissons pas ce devoir, si nous ne répondons pas à leur appel, c’est donc à notre responsabilité et faculté de conscience que nous renonçons. Ce n’est pas seulement à eux que nous devons sauver finalement, mais à nos propres principes démocratiques et constitutionnels, sans lesquels l’Union Européenne ne pourra pas accomplir son destin de continent pacifié.
(1) http://www.un.org/fr/documents/udhr/